À l’aube de la saison 2024/25, un étrange paradoxe se dessine dans le paysage footballistique sénégalais : jamais la nation n’a compté autant de talents reconnus… sans club. Blessures, choix sportifs, fins de contrats ou virages de carrière, les raisons divergent. Pourtant, un constat s’impose : cette “team des oubliés” pourrait rivaliser avec bien des équipes de première division. Des vétérans respectés aux jeunes talents en quête de confirmation, ces joueurs n’ont pas encore tourné la page. Au contraire, ils attendent simplement le bon projet, le bon appel, le bon défi. Voici un focus sur le meilleur XI sénégalais actuellement sans club, entre expérience, promesses et reconquêtes annoncées.
#1 Gardien de but : Boubacar Fall, l’éveil attendu
Formé à Génération Foot et longtemps doublure à Saint-Étienne, Boubacar Fall (24 ans) symbolise un potentiel encore en jachère. Grand (1m92), agile, solide sur sa ligne, il n’a jamais réellement eu sa chance en Ligue 2 malgré un profil moderne et athlétique.
Aujourd’hui libre, il pourrait enfin franchir un cap avec une équipe ambitieuse. Maroc, Tunisie, voire Portugal ou Ligue 2 française : les pistes sont ouvertes pour ce gardien à fort potentiel, encore perfectible dans le jeu au pied, mais redouté dans les duels rapprochés.
#2 Défense : expérience européenne et promesses frustrées
Fodé Ballo-Touré
Latéral gauche formé à Paris, passé par Monaco et l’AC Milan, Fodé Ballo-Touré traîne une image de joueur instable… mais talentueux. À 27 ans, il a connu les joutes de la Serie A, la Ligue 1, l’Europa League. Sa disponibilité et son endurance font de lui un atout pour toute équipe cherchant un latéral moderne, même si son efficacité offensive reste inconstante. Le profil idéal pour un rebond en Ligue 1 ou en Liga.
Bouna Sarr
Latéral droit ou ailier reconverti, Bouna Sarr sort d’une parenthèse frustrante au Bayern, plombée par les blessures. Mais son vécu en Bundesliga et à l’OM fait de lui un joueur qui respire le haut niveau.
S’il parvient à retrouver son rythme, une signature en Grèce, en Turquie ou en MLS serait idéale pour exploiter encore deux à trois saisons pleines. Sa polyvalence reste un vrai atout.
Aboubacar Lô
Défenseur central ou sentinelle, Aboubacar Lô s’est perdu dans les méandres des prêts et des bancs à Metz. Pourtant, sa lecture de jeu, son calme balle au pied et son physique robuste en font un élément encore perfectible mais prometteur. Un retour dans un environnement plus structuré (Belgique, Ligue 2 ou même Norvège) pourrait relancer sa trajectoire.
Mamadou Diarra
Le roc de Grenoble. Défenseur axial droit, Mamadou Diarra a fait preuve d’une régularité rare en Ligue 2. Sobre, efficace, concentré, il est apprécié pour sa rigueur et son intelligence tactique. À 27 ans, il est dans la maturité défensive et coche toutes les cases d’un profil recherché pour stabiliser une défense, en France ou à l’étranger.
#3 Milieux de terrain : des patrons en quête de vestiaire
Nampalys Mendy
Ancien international, passé par Leicester et Lens, Nampalys Mendy est un métronome. Sa vision du jeu, sa gestion du tempo, sa qualité de relance en font un pur numéro 6. Trop cher pour le RC Lens, il n’en reste pas moins une valeur sûre. Des clubs MLS lui font les yeux doux, tout comme certaines formations du Golfe. Un leader technique en quête d’un projet à la hauteur de sa vision.
Mohamed Diamé
Le doyen. Ex-capitaine de Newcastle, Mohamed Diamé joue aujourd’hui la carte de l’expérience. Même si son rayonnement physique a décliné, il reste une voix dans un vestiaire. Moyen-Orient, Asie, ou rôle d’encadrant dans un club formateur : il n’a pas encore raccroché les crampons. Dans un rôle de joueur-mentor, il garde toute son utilité.
Joseph Lopy
Milieu défensif travailleur, infatigable récupérateur, Joseph Lopy est le prototype du joueur sous-coté. Il ne fait pas de bruit, mais stabilise un entrejeu. Libre après Pau, il représente une aubaine pour un club de National ou de Ligue 2 qui vise la montée. Profil idéal pour encadrer une jeune génération.
#4 Attaque : percussion, polyvalence et buteur en quête de revanche
Sada Thioub
Ancien joueur d’Angers, ailier droit percutant, Sada Thioub est réputé pour son intensité et son un-contre-un. Bien que parfois brouillon dans le dernier geste, il reste dangereux en transition. Il pourrait rebondir dans une D2 anglaise ou espagnole, ou dans une équipe de MLS cherchant un ailier explosif.
Amadou Ciss
Gros potentiel. Malgré la descente de son club turc, Amadou Ciss a signé une saison pleine (6 buts, 4 passes). Son profil hybride d’ailier et de milieu offensif en fait une perle pour un club à la recherche de vitesse et de percussion. La Belgique, la Suisse ou les pays scandinaves pourraient l’accueillir à bras ouverts.
Ibrahima Wadji
Le buteur maudit de Saint-Étienne. Touché par les blessures, Ibrahima Wadji n’a jamais confirmé son talent de finisseur pourtant très prometteur. Sa mobilité, son flair et sa combativité restent intacts. Des clubs en France, en Turquie, au Moyen-Orient et même en Norvège se sont renseignés. Le défi sera médical autant que sportif.
Le Meilleur XI sénégalais sans club
Système : 4-3-3
Gardien : Boubacar Fall
Défense : Bouna Sarr – Mamadou Diarra – Aboubacar Lô – Fodé Ballo-Touré
Milieu : Nampalys Mendy – Joseph Lopy – Mohamed Diamé
Attaque : Sada Thioub – Ibrahima Wadji – Amadou Ciss
Conclusion : un vivier en suspens, mais pas en fin de cycle
Ce onze, mélange d’expérience internationale et de talents sous-exploités, prouve une chose : le football sénégalais possède une profondeur que bien des sélections pourraient lui envier. Ces joueurs ne sont pas à la retraite. Ils attendent simplement une porte ouverte, un coach qui croit en eux, un projet cohérent. Leur situation actuelle est peut-être un tournant. Mais pour beaucoup, c’est encore loin d’être la fin.