La Confédération Africaine de Football a levé le voile ce mercredi sur les dix finalistes du prestigieux trophée de joueur africain de l’année 2025. Si deux mastodontes se détachent, plusieurs absences retentissantes transforment cette nomination en véritable séisme continental.
#1 Un duel au sommet entre deux géants du football mondial
La bataille pour succéder à Ademola Lookman s’annonce féroce, mais deux noms monopolisent déjà toutes les attentions. Mohamed Salah, l’éternel pharaon de Liverpool, continue de défier le temps avec une régularité déconcertante. Quatrième du dernier Ballon d’Or, l’Égyptien a une nouvelle fois porté les Reds sur ses épaules lors d’une saison XXL en Premier League, prouvant que, même à 32 ans passés, il reste un extraterrestre sur les terrains anglais.
Face à lui, Achraf Hakimi incarne la nouvelle garde africaine. Sixième du Ballon d’Or, le latéral marocain a été l’un des architectes majeurs de la saison historique du PSG, alliant défense solide et capacités offensives dévastatrices. Ce duel entre l’expérience égyptienne et la modernité marocaine cristallise deux visions du football africain : celle de l’icône intemporelle contre celle du talent polyvalent nouvelle génération.
#2 Des outsiders crédibles dans l’ombre des favoris
Si Salah et Hakimi font figure d’intouchables, huit autres prétendants comptent bien troubler la fête. Victor Osimhen, renaissant depuis son exil doré à Galatasaray, prouve qu’un changement d’air peut raviver les flammes d’un talent parfois contesté à Naples. Le Nigérian affiche une forme étincelante en Turquie et pourrait créer la surprise.
Serhou Guirassy, 21e du Ballon d’Or, représente le cas d’école du joueur qui explose sur le tard. Ses statistiques ahurissantes avec Dortmund (38 buts et 9 passes décisives en 50 matchs) parlent d’elles-mêmes et illustrent la montée en puissance du football guinéen sur la scène internationale.
La présence de deux anciens de l’OM, Iliman Ndiaye (Everton) et André-Frank Zambo Anguissa (Naples), témoigne également de la qualité des joueurs africains formés ou révélés dans le championnat français. À leurs côtés, Pape Matar Sarr (Tottenham) confirme l’hégémonie sénégalaise dans les grandes ligues européennes.
Plus surprenante est la nomination de Denis Bouanga, qui brille en MLS avec le Los Angeles FC. Sa présence valorise le championnat américain, longtemps considéré comme une retraite dorée, mais qui devient progressivement une destination crédible pour les talents africains en pleine maturité. Enfin, Fiston Mayele (Pyramids) et Oussama Lamlioui (Berkane) représentent le football africain continental, rappelant que la CAF n’oublie pas ses championnats locaux.
#3 Les absences qui font grincer des dents
L’aspect le plus débattu de cette liste reste indéniablement les joueurs oubliés. L’absence totale de représentants algériens interpelle : ni Rayan Aït-Nouri, pourtant impressionnant avec Wolverhampton, ni Mohammed Amoura, révélation de la saison, ne figurent parmi les nominés. Un affront qui risque de raviver les tensions diplomatiques au sein de la CAF, certains y voyant déjà des considérations extra-sportives.
Plus stupéfiante encore : Ademola Lookman, tenant du titre, n’apparaît pas dans la liste. Comment le joueur sacré meilleur africain en 2024 peut-il disparaître des radars un an plus tard ? Cette absence nourrit les spéculations sur les critères de sélection de la CAF et pose une question fondamentale : ce trophée récompense-t-il l’excellence sur une saison ou la notoriété médiatique ?
Le duo de Brentford, Bryan Mbeumo et Yoane Wissa, paie également les frais d’une logique qui privilégie les clubs prestigieux. Pourtant, leurs performances avec les Bees ont été tout simplement sensationnelles, prouvant qu’on peut briller dans des équipes modestes. Leur exclusion traduit un biais évident en faveur des joueurs évoluant dans les mastodontes européens.
Enfin, l’absence d’Omar Marmoush, auteur d’un début de saison stratosphérique avec Francfort, et d’Antoine Semenyo, véritable attraction à Bournemouth, soulève des interrogations sur la méthodologie d’évaluation. Ces joueurs ont-ils été jugés sur une période trop courte ? La CAF privilégie-t-elle les performances sur l’ensemble de l’année civile ou uniquement la saison précédente ?
#4 Un trophée qui reflète les tensions du football africain
Cette liste de nominés cristallise finalement toutes les contradictions du football africain moderne. D’un côté, elle célèbre l’excellence de joueurs évoluant dans l’élite mondiale (Salah, Hakimi) et reconnaît l’émergence de nouveaux talents (Guirassy, Ndiaye). De l’autre, elle frustre par ses oublis flagrants et alimente les soupçons de favoritisme ou de calculs politiques.
Le trophée CAF 2025 sera-t-il attribué au plus méritant ou au plus médiatisé ? La réponse, attendue dans les prochaines semaines, en dira long sur la direction que souhaite prendre le football africain : celle de la reconnaissance du mérite pur ou celle du star-système à l’européenne.
Une chose est certaine : quelle que soit l’issue, cette édition aura marqué les esprits et relancé le débat éternel sur la juste valorisation des talents africains, qu’ils évoluent sous les projecteurs de la Premier League ou dans l’ombre des championnats moins exposés.
